Faire le tour de la cassette, vider le contenu de sa vessie, engloutir une poutine fumante ; toutes des activités qui exaltent les sens. Sans se perdre en conjectures, on pourrait dire que l’on vit une forme d’extase. Pas la vraie patente décrite par Bacchus et sa gang de satyres, mais ça donne quand même un bon buzz. En tout cas, cette figure mythique à inspiré plusieurs artistes dont Dimitri Mavreas qui alla jusqu’à utiliser le nom du demi-dieu comme pseudonyme et dont le travail est célébré dans une monographie au titre très à propos de Bacchus : Artiste de l’extase, gracieuseté de Marc Tessier et Jean-Pierre Chansigaud.
Du plaisir, c'est bien tout ce que je veux
Du plaisir, pour en allumer les feux
Et laisser dans un soupir
Quelques gouttes de plaisir
Pas nécessairement un party animal qui ne vit exclusivement pour les beuveries et les orgies, mais disons qu’il ne daignait pas perdre la carte et se réveiller le lendemain avec un mal de tête carabiné entouré de corps morts et/ou dénudés. Que voulez-vous, le pauvre a été enfermé dans une pièce de onze à ces dix-huit ans ayant comme seule compagnie des bouquins recelant de savoirs et les professeurs qui viennent avec pour lui bourrer le crâne. Lâché lousse dans le vrai monde, tous ses sens sont en alerte et il a soif ! Il en désire infiniment plus ; le dépassement de soi devient son leitmotiv. Ses états d’ivresse le plongent dans les eaux profondes de l’inconscient collectif où il se transforme en idée pure et fluide. Pas étonnant qu’il soit une source d’inspiration pour les esthètes et fantaisistes de tout acabit qui voit en lui un puits intarissable qui les incite à toujours aller plus loin dans leur processus créatif et partir sur une dérape contrôlée.
Ce qui nous amène à notre cher Dimitri. Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose. Il était pourtant estimé du temps où il était le photographe d’une revue émergeante s’appelant Penthouse, vous connaissez ? Aux premières loges de la révolution sexuelle, son travail multidisciplinaire magnifie la beauté des corps. Dans la vie, comme dans son métier, la recherche d’expériences transcendantes guide ses choix. C’est pourquoi les photomontages osés et les bandes dessinées (érotiques) de cet artiste canadien d’avant-garde ont fait couler beaucoup d’encre et de fluides avant de tomber dans un trou noir et humide.
Quel objet atypique que cette bande dessinée qui brise toutes les conventions dans un maelstrom de volupté. On s’amuse à brouiller les pistes dans un tour de passe-passe qui stimulera autant votre intellect que votre libido. Une œuvre façonnée de main de maître et dont le résultat vous laissera pantois et quelque peu émoustillé. Une lecture carrément jouissive qui fera gicler vos neurones de sérotonine. Vous en demanderez encore et encore !
BDQG 