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Certains le voient dans leur soupe, d’autres sur une chip. On l’invoque souvent quand on se cogne l’orteil sur une patte de lit. Plus gros est le jackpot de la loterie et exponentielles sont les promesses de devenir une meilleure personne si jamais on gagne. OMG! Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour être dans ses bonnes grâces ? On le chante, on le loue, on le vend. Seigneur, ayez pitié de nous et de tous ceux qui vous instrumentalisent. Mais encore faut-il y croire. Il y a bien des preuves sur son passage sur Terre comme ce fameux linceul de Turin dont il est traité dans Advocatus Diaboli : Le linceul de Turin de Christian Quesnel.

C’est quand même ironique que l’ensemble des religions véhiculent un message d’amour et de paix alors qu’on est prêt à massacrer en son nom. Tout cela commence par les croisades du Moyen-Âge ; un choc des civilisations qui a fait couler beaucoup d’encre et de sang. Le chevalier Geoffroy de Charny s’est vu confier la protection d’une sainte relique : le drap de lin ayant enveloppé le corps de Jésus. Ses croyances et son instinct meurtrier vacillent pour laisser place à des valeurs fraternelles après la naissance de son fils. Il est mort pour ses convictions et celle de son souverain non sans avoir préalablement mis le saint suaire en lieu sûr. Il ne reste plus qu’à lui souhaiter d’avoir été accueillie dans le Royaume des cieux où il serait à l’abri de cette barbarie. Tous peuvent dormir tranquilles tant que l’existence du bout de tissu ne soulève pas les passions, mais son intérêt sera ressuscité une fois pris en photo bien des années plus tard. Sa fascination demeure et on tente toujours de déterminer son origine. In God we trust. 

C’est Raymond N. Rogers, un thermochimiste américain qui a fait partie du Shroud of Turin Research Project qui a étudié le linceul pour le compte de l’organisation. Le doute subsiste et de nouveaux tests sont pratiqués au fil des ans tandis que la technologie évolue et que la mort s’approche du chercheur à pas feutrés. L’homme à l’esprit cartésien ne jurant que par la science commence à voir les choses d’un autre œil lorsque son fidèle microscope lui révèle un secret dissimulé dans la fibre de l’étoffe qui pourrait réduire en lambeaux les diverses théories et donner du fil à retordre aux sceptiques. Le voile du mystère n’est pas levé pour autant et nous ne saurons probablement jamais le fin mot de l’histoire. Jusqu’à la prochaine foi…

Précis, exhaustif et abouti, le travail de l’auteur offre une perspective nuancée et objective sur un sujet clivant. Album visuellement très réussi, l’artiste a laissé libre cours à l’imagination en accolant des récits se faisant écho afin d’enchaîner la narration. Christian Quesnel a le don de trouver le filon pour exploiter une histoire aux abords austères et d’y insuffler une dose d’onirisme et pousser le médium à son paroxysme. Comme il est agréable de se recueillir auprès d’un livre, certains diraient même que c’est divinement bon.