BDQG

On trouve à travers l’Histoire plusieurs exemples de groupes d’individus mécontents qui ont décidé de mettre un terme à leur condition en voulant changer l’ordre établi — parfois de façon pacifique, mais plus souvent par des actes de violence. Il faut par moment poser des gestes extrêmes pour se faire entendre et cela ne passe pas sans heurts. Parlez-en au Front de libération du Québec (FLQ) qui est devenu tristement célèbre après qu’un rapt ait mené au décès d’un politicien. Chris Oliveros s’est intéressé à la genèse de cette organisation dans Mourir pour la cause.

Radical : Qui tient à l’essence, au principe (d’une chose, d’un être) et qui vise à agir sur la cause profonde de ce que l’on veut modifier. Pour les Canadiens français résidant dans la province de Québec, c’est la cohabitation avec les anglophones qui posent problème. En effet, depuis la colonisation du pays par les Britanniques, les Québécois ont de la difficulté à se hisser dans le rang social et servent principalement de main-d’œuvre bon marché. Combinez tout ça au joug de l’Église pendant des décennies et vous obtenez le cocktail parfait pour un ras-le-bol collectif. C’est quand même bizarre que le premier à se révolter fût un Belge d’adoption qui sympathisait avec le sort de ses compatriotes. N’eût été de lui, d’autres se seraient levés et brandi le poing, mais il demeure le catalyseur ou plutôt la mèche qui a mis le feu aux poudres. C’était le noyau dur du mouvement. Celui qui voulait remettre les pendules à l’heure pour mieux les faire exploser. L’envahisseur doit partir et que ça saute ! Le message est passé comme une lettre à la poste, mais il en faudra beaucoup plus pour arrêter les forces de l’ordre qui les ont dans le collimateur.

Ce n’était pourtant pas de mauvais bougres — ouais, ouais, on dit tout le temps ça. Excédés, certainement, mais prêts à mourir pour la cause ? On croit souvent que la faim justifie les moyens, mais personne ne voulait faire de mal à personne. C’est comme si leurs efforts eurent été en vain et leur entreprise vouée à l’échec. Des tentatives de coups d’éclat qui se soldèrent par la perte de vies humaines ont terni leur image. Ils ont du sang sur les mains bien malgré eux et le soutien de la population tant espéré s’étiole de jour en jour alors que l’étau se resserre. La tête de l’hydre fut coupée, mais la bête continua de se débattre depuis sa cellule de prison, fomentant un plan d’action qui mettra en branle les événements de la crise d’octobre.

On a droit à une interprétation des faits juste et impartiale de la part du fondateur de Drawn & Quartely dont le travail de recherche est minutieusement fouillé. L’allure de faux documentaire laisse la liberté à l’auteur de rendre le sujet moins aride et le style graphique rétro aux couleurs délavées colle parfaitement à l’époque pour former un tout cohérent. Une lecture éclairante et divertissante pour mieux comprendre.