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Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves ? Cette phrase de Claude Péloquin reste gravée dans la conscience collective et elle résonne en nous le moment opportun. On en détourne peut-être le sens initial, mais parfois ça concorde avec notre état d’esprit. Quand on s’y arrête deux minutes, c’est vraiment freakant de penser qu’on existe sur une planète qui spin à toute allure dans le cosmos infini. En plus, on est doté d’une intelligence, de la perception du temps et de notre mort imminente ? La théorie du chaos existe bel et bien pour Axelle Lenoir qui nous ramène à ses origines dans Passages secrets.

Quand t’es un kid qui a vécu dans les années 80, il y a trois choses qui priment sur tout : la tv, tes figurines et le catalogue Sears. À part ça, tu passes le plus clair de ton temps à attendre. Son grand frère Dâvid aka Follard les barniques, égrène les minutes le séparant des diverses fêtes, compte les secondes avant de pouvoir sortir de sa chambre ou souhaite ardemment le début des vacances d’été. Axelle doit d’ailleurs commencer le primaire dans pas long. L’aîné de la famille l’intime à prendre ses jambes coup afin d’éviter cette torture. Pas moyen de s’y soustraire ; la girafe enclenche son parcours scolaire affublé de ce surnom, gracieuseté de son enseignante. La « petite » n’a plus ses repères et doit obéir à des règles dont la logique lui échappe. Elle regarde le sourire niaiseux de ses camarades et se demande si ce n’est pas eux qui sont brisés. Heureusement qu’il y a le ballon-chasseur pour passer sa frustration. En tout cas, elle ne fittait pas dans le moule et se faisait royalement chier.

L’école a ouvert la porte à bien des traumatismes qui la hantent encore. À commencer par cette forêt au bout du champ en avant de chez eux. Un territoire sombre et envoûtant qui murmure son nom. Ce n’est qu’une peur parmi tant d’autres qui lui gâche la vie au jour le jour. Elle est soit hors de son corps ou pas bien dans sa peau, oscillant dans ses humeurs au gré de son hypersensibilité. Dommage que ce ne soit pas un super pouvoir comme ceux de Spidermanne ou de Luke Skywalker. D’autant plus décevant qu’elle ne puisse pas en parler à ses parents parce que ce sont des extraterrestres. Encore à ce jour, ce n’est pas reposant d’être dans sa tête. Entre cauchemar récurrent et bouche d’argent, Axelle tente de trouver un but à son existence. Elle a décidé d’y aller tranquillement, mais sûrement comme quand on déguste un bon bol de fraises fraîches.

C’est sans complexe ni retenue qu’Axelle Lenoir se livre à nous. Armée de son sens de l’humour à toute épreuve, les tabous s’effacent et les préjugés tombent. Son autodérision en devient une sorte d’autoguérison — il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Sous forme de strips monochromes loin d’être monotones elle ouvre une brèche qui laisse entrevoir l’enfant que nous étions. Une ode douce-amère à cette époque révolue qui nous a marqués comme un coup de sabre laser vert.