Ether

Notre quotidien manque cruellement de magie. Pas étonnant que nous nous réfugions dans des mondes virtuels. À l’abri derrière nos écrans nous explorons les confins de ces univers où la seule limite est celle de notre imagination exacerbée par la technologie. L’envie de s’évader ne date pourtant pas d’hier. D’abord oral puis manuscrit, le mode de transmission des histoires reflète évidemment les époques traversées. Une chose est certaine, les récits de guerre infusés d’éléments fantastiques ont toujours eu la cote. Ils sont une source intarissable d’inspiration où l’on puise depuis l’Antiquité. Perpétuant la tradition Ether d’Étienne Chaize nous ramène aux racines de ce style littéraire prisé sous forme de bande dessinée à grand déploiement. 

Ether, Éditions 2024, 2024

Une forteresse millénaire est attaquée par l’armée d’un clan adverse. Les assaillants sont-ils en quête de rétribution ou assoiffés de pouvoir ? Nul ne saurait deviner leur sombre dessein. Une poignée d’assiégés réussit à quitter les lieux in extremis, laissant tout derrière eux à l’exception de leur bien le plus précieux : les tisons de la flamme éternelle qui veille sur les habitants depuis son embrasement. Maintenant en déroute les rescapés n’ont d’autre solution que de trouver un endroit pour élire domicile. Leur choix s’arrête sur un éden situé très loin à l’est ; une contrée mythique qui ne pourrait s’avérer être qu’une chimère. C’est donc sous le couvert de la nuit que la procession entame son long périple sans possibilité de retour en arrière. Les apatrides seront contraints de croire en la légende quitte à devoir y perdre la vie. 

Ether, Éditions 2024, 2024

Les années s’enchaînent au rythme des saisons et des paysages. L’horizon incommensurable ne laisse poindre aucun répit pour ces voyageurs de l’éternel. Les générations se succèdent et se passent le flambeau qui éclaire le chemin semé d’embûches. Leurs pérégrinations les conduisent à la rencontre de peuples dont le sort est peu enviable au leur. Qu’elles soient plongées dans un songe perpétuel, flottant dans les bourrasques à la recherche de leur corps ou changées en statues de pierre, les pauvres âmes prisonnières de leurs cités déchues seront d’une aide précieuse à la tribu en déroute, car ils s’avèreront être la clé de voûte permettant d’accéder à la terre promise. Derrière une porte creusée à même le roc émane une pulsion salvatrice se réverbérant sur les parois de la salle ancestrale. C’est alors que les membres de ce collectif improbable se retrouvent nimbés d’une lumière blanche aveuglante pour assister au miracle tant attendu. Pourront-ils enfin baisser les armes et goûter à la félicité ? 

Ether, Éditions 2024, 2024

D’entrée de jeu on ne peut que souligner la prouesse technique. Les illustrations en grand format emplissent tout l’espace alors que le texte y est omniprésent. Cela ne diminue en rien la valeur narrative, car les images parlent d’elles-mêmes. Il s’agit tout d’abord d’une lecture contemplative où il fait bon de s’imprégner de l’atmosphère des décors. On a ici la preuve que nul n’est nécessaire de recourir à la violence pour obtenir un récit captivant — quoiqu’il ne faille pas y renoncer pour autant. Un superbe objet à posséder dans sa collection simplement pour la beauté de la chose.

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