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On les aperçoit en rêves ou dans une boule de cristal. Elles sont parfois palpables alors que d’autres fois chimériques, s’évanouissant au réveil. Ces images furtives attribuent une aura mystique à qui est capable de les interpréter. Les oracles et diseuses de bonne aventure fascinent les masses avec leurs prophéties à prendre avec un grain de sel. Ridiculement farfelues, on les chasse du revers de la main tandis qu’un mince doute subsiste dans notre esprit : et si c’était vrai ? Si on pouvait prédire le futur ? Le pouvoir que cela confère pourrait entraîner des retombées catastrophiques au-delà de notre univers. C’est du moins ce qu’un petit bonhomme vert vient annoncer dans Visions d’Alexis Mandeville.

Délire vespéral ou manifestation surnaturelle, peu importe son origine, l’irruption d’un être provenant des étoiles dans la chambre à coucher de cet auteur de comics n’était pas fortuite. Son message télépathique était sans équivoque : octroyer gloire et fortune en échange de la fin du monde. Qui pourrait résister à une telle offre. L’écrivain fantôme — ou extra-terrestre, c’est selon — allait lui dicter les meilleures histoires qui mèneront à l’extinction éventuelle de la race humaine et à l’avènement des cosmopithèques. Le pacte scellé, l’oiseau de malheur débite ses prédictions aux répercussions dévastatrices. Les lecteurs n’ont aucune idée que le récit dont ils sont friands illustre planche par planche des événements lointains que même le plus illuminé des devins ne pourrait concevoir. Le pire dans tout ça, c’est que rien ne peut éviter cette inéluctable marche vers la mort ; c’est écrit dans la pierre et coulé dans le béton. Espérons que le bédéiste aura eu le temps de profiter de sa fortune avant qu’elle ne s’envole en fumée et qu’il ne soit six pieds sous terre avec le reste des pauvres bougres n’ayant pas pu se mettre à l’abri du cataclysme nucléaire.  

Des silos et des hommes

Des générations plus tard, on repeuple la surface maintenant de nouveau habitable. C’est une véritable renaissance où le travail acharné et les sacrifices au nom du progrès sont glorifiés. Mais tout ce qui brille n’est pas or. Des mutants règnent en maître sur l’ektos, cette étendue désertique et inhospitalière qui borde la cité située au centre d’un cratère laissé par une ogive. Il s’y passe des choses étranges comme des failles spatio-temporelles donnant accès à d’autres civilisations. Il arrive parfois que ces portails rejettent des artéfacts à l’instar du funeste périodique toujours intact et dont l’origine méduse les autorités. Bienvenue à Urbitopia !

Il faut le voir pour le croire. On dirait vraiment que cette bande dessinée sort tout droit d’une boîte trouvée dans un grenier poussiéreux. L’attention aux détails est hallucinante, allant jusqu’à ajouter des taches de moisissure. Nous soupçonnons Alexis de posséder une DeLorean. C’est impossible d’obtenir une telle qualité de production avec seulement un titre à son actif. Dans tous les cas, c’est une réussite sur toute la ligne. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il n’ait pas passé un accord avec une créature extra-terrestre. On a hâte de voir ce que l’avenir nous réserve.