La clé des bois

Written by:

Les yeux rivés sur un écran, nous sommes chanceux si nous avons une fenêtre pour y jeter un regard furtif entre deux réunions qui auraient pu être un courriel. La vie de bureau ça peut être vraiment dull. Certains y adhèrent en répandant la joie de vivre et les calembours alors que pour d’autres c’est un mal nécessaire pour mettre du beurre sur les épinards. On a tous déjà fantasmé de quitter sa job et de partir en vanlife. C’est moins le fun quand on se fait montrer la porte. Ça donne pourtant l’occasion de prendre La clé des bois.

La clé des bois, Front Froid | Nouvelle adresse, 2025

Vous souvenez-vous quand vous étiez une jeune pousse remplie de sève et d’espoir ? On pensait qu’avoir un diplôme assurait notre avenir. Ça fonctionne pour un bout, mais un jour on frappe un mur. On s’y trouve acculé­. Ciao bye ! Ramasse ta boîte et on va t’escorter à la sortie « c’est la procédure. » Good. J’haïs ça Montréal de toute façon. Je déménage chez mon chum à Trois-Rivières où je ne connais personne et mes perspectives d’emploi sont limitées compte tenu de mon champ d’expertise. Pas de problème. J’ai juste à travailler à la pépinière forestière avec mon amoureux, ça a tellement l’air bucolique. Ouin, y’en aura pas de facile. Il s’avère que c’est plus exigeant qu’on ne l’aurait cru. Qu’à cela ne tienne, je suis belle, je suis forte, je suis capable. 

La clé des bois, Front Froid | Nouvelle adresse, 2025

Nooonnn ! Je ne suis pas capable. : je suis faible, je suis poche et mon manque d’expérience fait que tout le monde me déteste. Une chance que chéri est là pour me remonter le moral et m’empêcher de partir en vrille. C’est ne pas tout à fait vrai que la gang me lance des poignards avec leurs yeux. La plupart sont gentils même s’il y en a qui jacasse dans mon dos. Qui aime bien châtie bien, hein ? J’ai une mentore qui m’apprend absolument tout du métier. On pourrait aller jusqu’à affirmer que c’est un tuteur qui m’aide à me tenir debout. Dommage que ce soit sa dernière année. À la revoyure vieille branche. Travailler en symbiose avec la nature quelque chose d’apaisant même quand on est à la merci des éléments : on se couvre, on s’asperge, on liche des popsécules. Je me suis si souvent planté que je commence à prendre racine. Bourgeonne alors la sensation de plénitude qui vient avec le sentiment du travail accompli.

La clé des bois, Front Froid | Nouvelle adresse, 2025

Cet appel de la terre omniprésent dans la conscience collective s’est immiscé dans cette œuvre d’autofiction qui embaume la résine et la citronnelle. Ça fleur aussi l’amour qu’Amélie Dubois porte à son sujet. Des ambiances feutrées aux décors estompés nous poussent vers une douce rêverie d’un monde plus simple dicté par le rythme des saisons. C’est également une ode à la résilience ou comment faire de la limonade pas trop surette avec ce que la vie nous envoie. Difficile de ne pas se sentir interpellé, suivre son exemple et saisir la clé nous libérant du bureau auquel nous sommes métaphoriquement enchaîné.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.