L’alarme résonne et ton cœur se serre. Une peur sourde qui sème la panique dans ta tête. Un nouveau jour se lève, mais tu préfèrerais être mort. e dans ton sommeil. Tu y penses souvent d’ailleurs à mourir. Mais tu vas bosser quand même pour sauver les apparences. Le masque que tu portes a tendance à se fêler tandis que ta force vitale s’amenuise et que les gens commencent à jaser dans ton dos. Tu es vide, mais plein. e de cette peine incommensurable. Tu t’effaces comme dans C’est comme ça que je disparais, troisième BD de l’autrice féministe Mirion Malle.
Clara n’aime ni sa job ni son gros cave de patron — si ça pouvait payer plus que le salaire minimum. FML, right ? En attendant, elle ronge son frein et tente d’écrire un nouveau recueil de poésie ayant pour thème la rupture. Sur le moment, ça semblait une bonne idée, elle qui en vivait une à l’époque. Mais c’était avant que tout parte en vrille. Maintenant, elle essaie de garder la tête hors de l’eau, de survivre à ses journées de travail épuisantes et de ne pas faire de crises de panique en public. Si au moins elle avait quelqu’un à qui en parler ; les psys coûtent cher et les ami.es ne comprennent pas toujours.
Ce n’est pas à défaut d’avoir essayé : les besties de Clara sont au rendez-vous lorsqu’il s’agit de lui remonter le moral, mais c’est elle qui les repousse, allant jusqu’à les ghoster pendant une soirée karaoké bien arrosée. La terre continue de tourner alors que son monde s’écroule. The World Has Turned And Left Me Here comme le chante Weezer.
Je suis
Une petite coquille dure
Qui se brise doucement
Ce qui était à l’intérieur a disparu
Un des nombreux fragments de sa pensée qui ne sera jamais couché sur papier. La motivation n’y est plus. Il ne reste plus qu’à se rouler en boule sur son lit en écoutant de l’ASMR et espérer se réveiller pour se rendre compte que tout ça n’était qu’un cauchemar. Mais non…

Heureusement qu’à travers la glue noire qui embourbe son cerveau, une voix salvatrice réussie à l’extirper de sa torpeur. Un changement de paysage s’impose. On met tout sur pause le temps d’un weekend au chalet. C’est là que la digue cède et que toute cette douleur coule comme un torrent.

Je suis en colère […] parce qu’un jour un gars a décidé que j’étais utilisable comme il voulait […] et moi, je suis brisée à tout jamais.
Ça fait du bien de se l’entendre dire tout haut. C’est comme si on dégelait tranquillement et qu’on recommençait à éprouver d’autres émotions que la rancœur et le désespoir. On goûte à cette parcelle de bonheur avec délectation sachant pertinemment qu’elle ne fait que passer. C’est comme faire un reboot de son ordinateur de bord et le reprogrammer pour te faire sentir bien. Il vaut mieux faire des copies de sauvegarde pour ne plus jamais oublier cette version de soi-même : celle où l’on prend soin de soi et de ceux qui nous entourent. On a tous besoin de douceur.
