Non, mais, on est-tu chanceux d’habiter un endroit où on peut vivre les quatre saisons ? C’est sûr que ces variations de température ne font pas l’affaire de tout le monde puisqu’elles s’accompagnent de petits désagréments, particulièrement en hiver lorsqu’une bonne bordée laisse les voitures embourbées et les bas détrempés. Heureusement que cela ne dure que quelques mois par année parce que sinon… Ça serait vraiment le bout de la marde si on devait se taper une décennie d’enfer blanc comme dans Hiver nucléaire de Caroline Breault (alias Cab), une bd d’anticipation se déroulant dans un Montréal ensevelit sous la neige depuis une catastrophe à Gentilly-3.
Ben oui, la centrale de Pointe-aux-Trembles surchauffe et ses tours de refroidissement crachent d’épais nuages de vapeur radioactive. Tout devait apparemment revenir à la normale dans les jours suivant l’incident, mais au contraire : le soleil disparut, la température baissa et les flocons virevoltèrent. OK, pis ? La neige n’a jamais tué personne ! Euh… avez-vous déjà reçu un cristal de glace de six pieds sur le crâne ? Ça arrive parfois aux Montréalais qui résident encore dans la métropole. C’est sans compter les mutations causées par l’exposition prolongée aux retombées radioactives. Cela donne une faune bigarrée d’irréductibles « mutatés » qui n’ont pas l’intention d’abandonner leur ville chérie malgré les factures de chauffage salées.
C’est notamment le cas de Flavie, courrier à ski-doo, zigzagant entre les congères et les grattes pour vous livrer whatever lorsque vous filez trop chienne pour mettre le nez dehors. La téméraire va jusqu’aux limites des territoires desservis pour satisfaire vos moindres caprices, mais ne la faites pas chier parce que vous pourriez en manger toute une. Son caractère bouillant l’a d’ailleurs poussé à adopter un mode de vie solitaire, ce qui ne l’empêche toutefois pas d’avoir à cœur le bonheur de son cercle d’amis très restreint. Elle préfère braver les intempéries pour partir à la recherche de sirop pour casser une fièvre plutôt que d’affronter la crowd éméchée d’un party de la St-Jean et c’est tout à son honneur, car son altruisme n’a d’égal que son sens de l’aventure.
Revêche, rebelle et scientifique en herbe, Flavie est vraiment un atout essentiel lorsque vient le temps des missions périlleuses pour ne pas dire suicidaires. C’est en partie grâce à elle si les stations émettrices de données météorologiques abîmées par la rigueur du climat ont pu reprendre du service. Ces informations seront cruciales pour tenter de prédire le retour des beaux jours.
Projet d’envergure d’abord paru sous la forme d’un webcomic, Hiver nucléaire à dévoiler Cab au grand public. Avec un style bien campé, très expressif, et un sens de l’humour à tout casser, on pouvait d’ores et déjà affirmer qu’elle connaîtrait un brillant avenir dans le monde de la BD. Son talent pour la narration, les traits distinctifs de ses personnages et l’attention portée aux décors font d’elle une autrice à garder sur votre écran radar. Vous pouvez aussi vous lancer dans la lecture de Utown, son deuxième opus qui repose sur la même redoutable formule, transposée dans un tout autre univers. Simplement cabtastic !