🎶🎶Être louveteau, louveteau, louveteau, c’est ce qu’il y a de plus chic. Être louveteau, louveteau, louveteau, c’est ce qu’il y a de plus beau.🎶🎶
Ah le scoutisme ! Sa réputation n’est plus à faire. Le mouvement est sans conteste frappé d’un sceau d’excellence en ce qui a trait aux valeurs qu’il véhicule. Fermez les yeux et pensez à un scout. Je parie que vous avez tous imaginé ce personnage emblématique qui respire la jeunesse et la probité ; l’incarnation du bien sur Terre. Toujours prêts — leur devise — à aider une vieille dame à traverser la rue ou à sauver un chaton coincé dans un arbre. Ils sont tellement parfaits que cela frise l’aliénation mentale.
Évidemment, tout cela n’est que balivernes : les scouts sont des gamins comme les autres. J’ai moi-même été louveteau et je peux affirmer que nous n’étions qu’une bande de préados sans malice. Pour être honnêtes, nous n’avions rien à faire de leur serment à la noix.
Le scout est digne de confiance, loyal, charitable, amical, courtois, gentil, obéissant, joyeux, économe, brave, pur et respectueux.
Nous étions tous prêts à écouter leur laïus si, en retour, nous pouvions manipuler un canif et une boussole. Il ne faut surtout pas oublier le pouvoir d’attraction de l’uniforme sur la gent féminine. Qui pourrait résister à ces badges ? Nous pouvions toujours rêver…
🎶🎶Dans la troupe y’a pas d’jambes de bois. Y’a des nouilles, mais ça ne se voit pas.🎶🎶
Les scouts de la troupe 142, les protagonistes du roman graphique du même nom, ne font pas exception à la règle. C’est à travers le récit d’une semaine d’expédition en forêt que leur personnalité se dévoile. Les masques ,et parfois les gants, tombent. Les insultes pleuvent et les mots blessent : vivre en promiscuité peut exacerber les émotions et enflammer les tempéraments.

Chaque tente est un microcosme avec ses propres lois et rivalités. Comme dans une vraie meute, il y a des dominants et des dominés. S’ajoute souvent à cette équation un souffre-douleur. Celui-ci est continuellement la victime des railleries et de la frustration de ses camarades. Le sort est tombé sur Chuck; il a tiré la paille la plus courte. Personne ne saurait dire pourquoi les enfants sont parfois si cruels.

C’est Lord Robert Stephenson Smyth Baden-Powell of Gilwell (essayez de le dire trois fois sans bafouiller) qui doit se retourner dans sa tombe !
Transformer l’art d’apprendre aux hommes à faire la guerre, en l’art d’apprendre aux jeunes à faire la paix.
Tel était le premier objectif de celui que les scouts surnomment affectueusement BP.
Je vous sens tout dépités…
On s’amuse pourtant bien au camp : on prend du LSD, on sculpte des godes, on fait des discours anti-gais.

Mon appréciation globale de la BD ? La trame narrative est bien travaillée et le récit captivant. Les dessins sont précis sans tomber dans l’excès et certains clins d’œil aux années 90 sont insérés de façon astucieuse.Je ne suis pas le seul à le penser puisque le webcomic dont est tiré le livre a gagné le prix Ignatz pour la meilleure bande dessinée en ligne en 2010. Par ailleurs, il n’est pas rare que mes achats soient guidés par la mention des prix remportés en page couverture. Ils constituent une porte d’entrée vers l’univers de l’auteur et celui de Mike Dawson est éclectique. De sa passion de jeunesse pour le groupe Queen dans « Freddie et Moi » à ses préoccupations en tant que parent dans « Nouvelles du front d’un père modèle », chaque thème nous immerge dans une nouvelle réalité détaillée avec minutie.
Il est certain que mon interprétation de ce roman graphique est passée à travers le prisme de ma propre expérience. Des souvenirs, parfois douloureux, sont remontés à la surface lors de sa lecture. Le temps panse les blessures tel un jeune scout dans son cours de secourisme. Je conserve précieusement les moments partagés en compagnie de la meute 6e C Saint-Paul d’Aylmer, et j’espère que mes enfants y seront un jour aussi bien accueillis. Cet ouvrage empreint d’une douce nostalgie véhicule un message sous-jacent important : l’intimidation ne profite à personne. C’est pourquoi je décerne à Mike Dawson le badge de « l’ami de tous » pour son ouverture aux autres et lui réserve une double ration de guimauves pour le feu de joie.