Le chiffre vingt peut revêtir plusieurs significations : un âge, une vision parfaite, une autoroute ; c’est une distance qui sépare l’enfance des joies et regrets à venir. Pour Audrey Beaulé, l’autrice de La vingt, il s’agit d’un amalgame de tout ça et c’est le temps d’un trajet Québec-Montréal qu’elle se confie sur cette période tumultueuse de son existence. Devenir adulte n’est pas une mince affaire et c’est parfois plus déroutant qu’à l’adolescence. La multitude de choix qui s’offre à nous pour bâtir notre avatar de grande personne peut nous plonger dans un profond désarroi. C’est une destination pour laquelle nous n’avons pas les coordonnées exactes. Mais vous savez quoi ? On passe tous par là et on en sort à peu près indemne.

Tout d’abord, il y a les études. On nous rabâche les oreilles que l’on peut exercer la profession qui nous plaît, mais on omet souvent de nous mentionner à quel point tout cela revêt une importance capitale pour la suite des événements. « Tout d’un coup que je me suis trompé de domaine ? » s’entend-on répéter inlassablement tel un mantra. « Je ne suis pas bon.ne » devient notre surnom et notre anxiété de performance croît au même rythme que l’estime de soi dégringole. Heureusement qu’on y fait des rencontres déterminantes pour nous aider à passer à travers. On peut dire qu’elles ont notre back (bac.) !
C’est pourquoi on aime célébrer les bons coups — comme les moins bons — en leur compagnie. Restos, karaoké ou crème glacée, un prétexte n’attend pas l’autre pour se faire du fun. L’impétuosité de la jeunesse nous donne des ailes et nous devenons des oiseaux de nuit. Mais, il ne faut tout de même pas rentrer trop tard, car on travaille tôt demain. Heureusement qu’on bosse dans un café parce qu’on va en avoir besoin. En plus, on va pouvoir jaser avec du monde pas mal cool. Ça compense le piètre salaire.
Mille après mille, je suis triste
Mille après mille, je m’ennuie
Jour après jour sur la route
Tu ne peux pas savoir comme je peux t’aimer
Mille après mille – Willie Lamothe
On doit regarder en avant quand ça va mal comme le dit sa mère ; au loin pour mieux anticiper comme l’explique son père. Quitter son foyer pour aller étudier à Montréal — cette ville où les gens marchent trop vite — fut un dur coup pour la jeune femme et c’est à force d’allers-retours le long de la Transcanadienne qu’elle se procure sa dose de réconfort : sa famille à l’est et sa blonde à l’ouest. Ce n’est qu’un au revoir alors que parfois c’est des adieux à des êtres chers.
La vie, la mort, l’amitié, l’amour sont des choses inhérentes à l’expérience humaine. Il est normal — même encouragé — de se poser des questions sur son existence et notre place dans ce monde en mouvance. Quels que soient les buts que l’on s’était initialement fixés, nous finissons toujours par arriver à l’endroit où nous devons être et de toute façon, le chemin est aussi important que la destination, non ?