L’espace : cet endroit à l’étendue infinie où l’humain aime s’abîmer et envoyer des chars lorsqu’il arrête de se regarder le nombril. Le vide intersidéral de nos vies nous pousse à aller nous faire voir ailleurs parmi les étoiles. La course à la Lune est certes une entreprise remarquable, mais le contexte dans lequel elle s’est déroulée laisse deviner une motivation toute sauf altruiste. Qui sait ce qui s’est tramé derrière les portes closes ; probablement beaucoup de bullshit. C’est justement le sujet de la dernière BD du duo composé de Francis Desharnais et Alexandre Fontaine-Rousseau qui s’est amusé à s’immiscer dans la tête des grands acteurs de cette révolution pour leur faire dire des inepties à propos de La conquête du cosmos.
Deux pays aux idéologies divergentes (URSS VS USA) s’affrontent dans un bras de fer interstellaire à savoir qui a la plus grosse… fusée. La Russie envoie la première salve en même temps que la première sonde Spoutnik : une canne de conserve qui fait « bip, bip. » Galvanisés par leur victoire, ses scientifiques allèrent jusqu’à imaginer une ligue de hockey canine pleine de Laïka avec un ti-bâton dans leur gueule — cute ! Mais la Mère Russie n’a pas fini d’en découdre et tient mordicus à faire comprendre au monde entier que le communisme c’est nice. Donc, un homme au nom rimant avec un délicieux substitut de beurre s’arracha à l’atmosphère terrestre sans promesse de retour. On peut dire que la menace d’un aller simple pour le goulag, même en joke, est une excellente source de motivation. Anyway, la tâche aurait pu incomber à n’importe quel idiot puisque c’est l’engin — plus précisément la petite poulie — qui fait le gros de la job.



Par la suite c’est aux Américains de répliquer avec toute la force de frappe qu’on leur connaît : du gazon, des terrains de golf, de la bière pis des burgers. On va construire des bungalows sur la Lune d’ici deux ou trois ans. USA ! USA ! USA ! Dans les mots de JFK « Mets ça dans ta pipe pis puff, Popov ! » C’est peut-être un pet pour le président, mais c’est une shitload de travail pour les ingénieurs qui sont plus motivés à concevoir un logo qu’on va pouvoir apposer sur de la merch. Les images de l’alunissage et de ses héros un peu douchebag (Neil, Buzz et chose-là) feront vendre des t-shirts puisqu’il s’agit du but ultime de l’aventure financée par l’industrie du gaminet. Ils auraient été même jusqu’à filmer le tout en studio — faites vos recherches !
Forts de leur expérience précédente avec Les premiers aviateurs, les bédéistes nous présentent l’Histoire à travers leur prisme ce qui a pour effet de retirer tout l’or et le vernis dont sont recouverts ses moments marquants. Ils jettent une lumière crue sur leur sujet et en exposent ses failles et incongruités pour ensuite l’enrober de leur humour acerbe sans toutefois tomber dans le prêchi-prêcha ; ils disent tout haut ce que plusieurs pensent tout bas. Férus de véracité et de rectitude, s’abstenir !