Ah, la musique ! N’y a-t-il rien de plus universel que ces arrangements coordonnés de sons qui font battre nos cœurs en harmonie avec celle-ci. Il y en a pour tous les goûts et toutes les occasions — on peut même dire qu’elle meuble notre quotidien. Elle nous accompagne du berceau au cercueil. On collectionne les morceaux comme autant de souvenirs. Certains poussent l’exercice jusqu’à obtenir des preuves tangibles de son existence en se la procurant sur un support physique supposément révolu : le vinyle. Cette galette de plastique a su se frayer un sillon à travers les époques pour étendre son emprise sur Michel-Olivier Gasse, un gars qui fait de muz’ et qui écrit des bouquins, dont le dernier — Histoires analogues — relate sa quête perpétuelle aux trésors qui se cachent dans les vieux bacs poussiéreux.

Pour certains ce sont les cartes Pokémon, mais contrairement à leur slogan « Attrapez-les tous », pour Michel-Olivier, le but n’est pas de posséder l’entièreté des disques de la planète : c’est la qualité qui prime. D’accord, il s’en est produit des quantités astronomiques et toutes proportions gardées, cela doit quand même faire une shitload de bons albums à dégoter. Pareillement aux adeptes de l’extreme couponing, il est à l’affût des aubaines et s’enorgueillit de dénicher des petits bijoux où d’autres ne voient qu’une pile de futurs bols funky comme on trouve dans les boutiques qui vendent du « local » — it’s a thing. Il demeure qu’une part de l’attrait reste dans la chasse et l’expectative de contempler un truc rare, précieux, ou tout simplement fucking awesome. Mais un peu à la manière des chocolats fourrés, on ne sait jamais vraiment sur quoi on est tombé avant d’y avoir goûté. Sans être boulimique, notre mélomane savoure avec volupté chaque achat et il n’hésite pas à se resservir au buffet car son appétit est insatiable.

Certes, on pourrait penser que les records sont l’apanage des hipsters prétentieux, djs noctambules ou boomers nostalgiques, ce qui n’est pas faux. Mais, en avez-vous déjà tenu un entre vos mains ? La pochette, l’odeur, mais surtout, le son : chaud, enveloppant, suave et grave à la fois. On sent la proximité, la communion ; on touche au divin. Amen brother ! Le côté cérémonial de poser délicatement l’aiguille, de se lever pour le changer de bord et de vraiment apprécier le moment. Pas question ici de sauter d’une toune à l’autre dès le moindre agacement. Cela prend de l’abnégation et un certain abandon. On embrasse ou on fait la grimace : les disques, ce n’est pas fait pour tout le monde et c’est très bien ainsi. Ça en fait plus pour les collectionneurs !

Pas besoin d’être calé en musique — le livre vient tout de même avec une playlist — pour apprécier la plume de Michel-Olivier Gasse. Tel un commissaire d’exposition, ses sélections auditives sont accompagnées de moult anecdotes et détails pertinents qui nous mettent en contexte. On ne peut passer sous silence les magnifiques illustrations de Domaine Alary qui accompagnent brillamment les textes. C’est avant tout une célébration de la vie et de tout ce qui la compose. À son image, c’est drôle, touchant, parfois triste, mais jamais plate.
Je pense, mon cher Mathieu, que tu as oublié de mentionner dans ta belle critique, que les superbes illustrations sont de Domaine Alary.
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Tout à fait. J’ai rectifié le tir. Merci beaucoup pour ton commentaire !
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