La méduse

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Quel est votre sens préféré ? À l’inverse, lequel des cinq seriez-vous prêt à abandonner ? Il s’agit bien sûr d’une question hypothétique : un exercice futile auquel nous nous sommes tous livrés à un moment ou un autre et dont la réponse varie au gré des humeurs. It’ all fun and games jusqu’au jour où la réalité nous rattrape et que le couperet tombe. Le pronostic est sans équivoque. Faites votre deuil parce que ça va devenir dark — littéralement. Vous ne l’avez pas vu venir. Tout comme Odette qui doit apprendre à cohabiter avec La méduse qui nage dans son œil.

La méduse, Pow Pow, 2022

Des corps flottants, c’est fatiguant mais ça se gère. Une méduse en revanche, ce n’est pas de tout repos. Imaginez un gros spot noir qui pratique le dos crawlé sur votre rétine en vous faisant nonchalamment un finger. Odette fait de son mieux pour l’ignorer puisque l’optométriste n’est pas trop énervé par sa condition qui devrait se résorber d’elle-même. All right, on va mettre des gouttes qui feront déborder le vase alors que soudainement un second jellyfish (pis un autre, pis encore un autre) fera son apparition… fuck. Tsé, comme quand tu réussissais une partie de solitaire sur Windows et que les cartes finissaient par tapisser l’entièreté de l’écran. Bon ben, on fait quoi maintenant, doc ? On pellette ça dans la cour d’une collègue qui prise au dépourvu l’envoie passer une batterie de tests à l’hôpital pour en avoir le cœur net. En tout cas, ça regarde vraiment mal – jeu de mots poche vu le contexte. Quand on te donne des fascicules qui commencent par « apprendre à vivre avec… » et une canne blanche, tu restes médusé — celui-là était pas pire.

La méduse, Pow Pow, 2022

Heureusement qu’elle a du bon monde pour la guider à travers cette nouvelle vie sans trop se cogner aux obstacles. On dit que l’amour rend aveugle. Ici, c’est plutôt l’inverse. La blonde d’Odette deviendra un phare dans la nuit à condition que cette dernière lui en laisse la chance, car elle n’est pas facile d’approche. Elle n’en a que faire de la pitié des autres. La têtue préfère l’autosabotage. Idem pour sa mère et ses amis qu’elle repousse alors qu’ils ne veulent que son bien. Orgueil mal placé ou mécanisme de défense, elle finit par baisser sa garde et accepter qu’on lui fasse un bon KD aux tomates qui goûte le cul.

La méduse, Pow Pow, 2022

C’est un bien beau récit en dents de scie que celui de La méduse. Il a d’autant plus de résonance lorsqu’on apprend que Boum aka Samantha Leriche-Gionet a récemment perdu partiellement l’usage de sa vision dans des conditions similaires. Il n’y a pas d’atermoiement ni de violon mélancolique, juste une bitter sweet symphony. Un gros pouce en l’air pour le traitement graphique qui magnifie l’expérience de lecture. Les petits Easter Eggs — clins d’œil en jargon de gamer — permettent de cerner les goûts et influences culturelles de Samantha. Une BD qui rallie les troupes en offrant la totale : style, histoire, émotion. Elle y a mis le paquet et ça paraît !

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