Les contes de l’interfaces # 4

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Qu’y a-t-il de neuf ? Rien, absolument rien. La planète est à feu et à sang comme à l’habitude et on se dirige lentement mais sûrement vers notre perte. On regarde les bras croisés le déraillement de train au ralenti en attendant que ça explose. Dans l’intervalle, aussi bien se changer les idées. Ce n’est pas pour rien qu’on a inventé le divertissement pour détourner notre attention de cette inévitable agonie. Dans le futur apocalyptique des Contes de l’interface, il vaut mieux se réfugier dans un monde virtuel pour échapper à sa condition plutôt que de vivre l’enfer sur terre. Résumé du quatrième numéro de la BD d’anticipation d’Emmanuel Filteau.

Les contes de l’interface, Emmanuel Filteau, 2023

 Nous voici une fois de plus propulsé dans ce futur des plus déprimants après la clypse. Les ressources sont rares depuis que la nature a été rayée de la carte. On s’immerge dans des simulations pour se soustraire à cette torture que celle d’exister. Encore une fois ce sont les riches qui s’en sortent à bon compte alors qu’ils peuvent se payer de la viande synthétique et le luxe de ne pas être assassinés par des clowns psychopathes ou pire encore, des robopaxs — créature monstrueuse envoyée pour neutraliser toute opposition au régime hégémonique de Transcervical, la compagnie qui contrôle tout. Mieux vaut travailler pour eux et accéder à un statut enviable quitte à être un rat de laboratoire : un testeur de jeux beta devenu bêta à force de passer des jours entiers dans ces univers fantasmagoriques composés de 1 et de 0. Nul besoin de personne, juste de se sustenter à l’occasion pour éviter l’inanition. C’est le grand rêve !

Les contes de l’interface, Emmanuel Filteau, 2023

Il existe tout de même des marginaux qui se terrent dans les arcanes souterrains de ce microcosme où le numérique règne en maître. Ce sont des « éveillés » qui ont découvert des artefacts de la civilisation précédente où la culture et l’érudition avaient encore leur raison d’être ; avant cette ère d’obscurantisme et de violence sans espoir pour la race humaine. Il subsiste toujours le fruit du savoir et il est du devoir de ce groupuscule de le disperser afin de libérer les consciences des chaînes qui les entravent. Seulement alors, les survivants seront en mesure de renverser le système qui les asservit. Ce ne sera pas une mince affaire puisque toute tentative essuie une répression armée aussi expéditive que mortelle. Il doit pourtant exister un moyen d’y arriver : une faille ou un maillon faible à exploiter. C’est qu’on apprendra sûrement dans un prochain épisode !

Les contes de l’interface, Emmanuel Filteau, 2023

Filteau persiste et signe en nous procurant une dose extrême de divertissement — on n’y échappe pas. La formule gagnante dans laquelle se trouve une parfaite ration d’humour noir et d’action enlevante laisse le lecteur sur sa faim puisqu’on en veut plus ! Son style graphique se peaufine et semble avoir atteint sa forme aboutie. Les références à la culture populaire sont toujours présentes pour qui s’y attarde et on ne dédaigne pas les quelques scènes sanglantes qui ne font qu’amplifier l’horreur de la situation. Bien malin qui peut prédire l’avenir, mais soyez assurés que celui du bédéiste sera radieux.

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